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  • Elaine Tai

Chine : Le phénomène des femmes célibataires : "celles qui restent"

ZOOM SUR LE MONDE : Un phénomène inattendu pour la Chine qui compte aujourd'hui 1,4 milliards d'habitants


Depuis la politique de l’enfant unique en Chine, nombreuses ont été les familles souhaitant un fils au lieu d’une fille. Le pays est connu pour avoir une population masculine beaucoup plus importante que la population féminine, l’Académie chinoise des Sciences Sociales estimait en 2020 un surplus de 30 millions d’hommes dans le pays. Malgré la suppression de la politique de l’enfant unique en 2015, l’empire du milieu n’est pas au bout de ses peines. Avec une inégalité des sexes très forte, les hommes ont beaucoup de mal à trouver une épouse, et plus étrange encore, de plus en plus de femmes n’arrivent pas à trouver de mari ou ne souhaitent tout simplement pas se marier…


Sommaire

La femme au cours de l'histoire chinoise
Politique de l'enfant unique, Némésis du sex-ratio
Être célibataire, une honte ?

La femme au cours de l'histoire chinoise

Pour comprendre ce phénomène, un bond dans l’histoire de la Chine est nécessaire. Le pays connaît aujourd'hui un nouveau modèle de société où la femme est libre de ses choix dont celui de poursuivre ses études ou de ne pas se marier. La femme chinoise a longtemps été soumise à l’autorité masculine, elle se devait d’être docile et obéissante, effectuer toutes les tâches domestiques et répondre à une liste de critères bien précis. Il est important de souligner que le bandage des pieds ne remonte qu’au début du XXème siècle, illustrant très bien le rôle de la femme. Cette pratique promettait un mariage prospère et heureux à toute femme faisant le sacrifice de se bander les pieds. Sous le communisme, les femmes de l’époque maoïste étaient toutes mariées, même si elles s’unissaient avec de parfaits inconnus afin de préserver une « harmonie sociale ». C’est uniquement lors de la mise en place de la politique de l’enfant unique que les choses ont commencé à changer, en bien comme en mal.



Politique de l'enfant unique, Némésis du sex-ratio

Cette politique de l’enfant unique a été très meurtrière. Lancée en 1979, de nombreuses petites filles ont été avortées, tuées, voire abandonnées. Selon la tradition chinoise, seul l’homme doit reprendre le flambeau de l’affaire familiale et lui seul est capable d’endosser les grandes responsabilités. Cependant, certaines familles ont dû malgré elles, élever des filles et leur transmettre des connaissances exclusivement réservées à la gent masculine. C’est dans cette configuration que la place de la femme commença à changer : de plus en plus de femmes se sont instruites et ont grimpé les échelons de la société afin de rejoindre l’élite, mais en parallèle leur nombre diminuait à vue d'œil.


Aujourd’hui, avec un tout nouveau modèle sociétal, et une surpopulation d’hommes, les femmes ne doivent pas avoir grand mal pour se trouver un mari. Or, c’est tout le contraire qui se produit : beaucoup d’entre elles sont encore célibataires ! C’est ce que la Chine appelle les "sheng nu" (剩女), littéralement "celles qui restent". Ce sont des femmes d’environ 25 ans, qui ont fait des études, qui n’arrivent pas ou ne veulent pas se trouver d’époux, et qui arrivent bientôt à "leur date de péremption" car dépassé 25 ans, la société considère la femme comme vieille fille. Compte tenu de la démographie très dense du pays, le nombre de célibataires (hommes et femmes confondus) est très important et à long terme pose d’autres problèmes comme celui des retraites, du vieillissement de la population et plus grave encore, celui du trafic d'humains. Le gouvernement chinois a depuis lancé une politique autorisant un couple à avoir 2 enfants en espérant faire face à ces obstacles, en vain.


Être célibataire, une honte ?

Ces femmes surdiplômées sont en réalité très redoutées par les hommes. Malgré une structure sociétale en constante évolution, la tradition et l’idéologie très patriarcale de la femme reste encore très ancrée dans les familles : il est hors de question qu’un chinois se marie avec une chinoise dont le parcours scolaire est supérieur au sien, encore moins si celle-ci souhaite travailler au lieu de s’occuper du foyer. Ces femmes modernes sont l’exact opposé de la femme d’il y a cent ans, naïve, docile, pure et modelable.

La liberté de choisir son mari est aussi un facteur de ce phénomène de célibat parmi les femmes : la notion de mariage d’amour complique énormément les choses, se marier par amour est beaucoup plus compliqué que de se marier par intérêt économique. N’ayant jamais été sensibilisées au mariage d’amour, les femmes cherchent aujourd’hui leur âme sœur, et ne souhaitent plus être mariée de force à la famille promettant la plus grosse somme. La femme chinoise souhaite prendre sa vie et son destin en main, mais sa modernité fait peur aux hommes.


Dévisagées un premier temps, ces femmes commencent néanmoins à devenir la fierté de leur famille. Le statut de célibataire étant de plus en plus accepté, le succès professionnel de ces femmes ultra-modernes prend doucement le dessus et devient une nouvelle manière de se valider socialement au lieu d'un mariage "réussi".





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